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Holodomor ou "l'extermination par la faim"

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Holodomor ou "l'extermination par la faim" Empty Holodomor ou "l'extermination par la faim"

Message par Merl1 Mar 22 Avr - 0:43

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"Les Ukrainiens l'appellent "Holodomor" ou "l'extermination par la faim". Le fléau qui s'abattit sur l'Ukraine soviétique au début des années 1930 et qui atteignit son paroxysme en hiver 1933 est aussi désigné sous le vocable de "famine artificielle" car le manque de vivres résultait non pas d'un désastre naturel, telle une sécheresse ou une invasion de sauterelles, mais provenait de la confiscation par l'État soviétique des denrées alimentaires indispensables à la population locale.

La question de savoir si le Holodomor constitue ou non un génocide reste âprement débattue. Fin 2006, l'Ukraine a officiellement qualifié le Holodomor de génocide, qualification reconnue par un certain nombre de pays dont les États-Unis. Le Parlement européen a reconnu en 2008 l'Holodomor comme un crime contre l'humanité, jugeant qu'il s'agissait d'une famine provoquée.

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Pays ayant reconnu le Holodomor comme génocide

Enlevés aux producteurs, les céréales et les autres produits agricoles furent emmagasinés sous bonne garde en Ukraine, puis transportés en Russie, ou vendus en Europe. Différentes estimations évaluent le nombre de victimes entre quatre et dix millions de personnes. Le chiffre de 6,000,000 fourni par un haut fonctionnaire de Kharkiv au rédacteur d'un journal yiddish de New York, reste encore le plus fiable. Par sa nature et son ampleur, la Grande Famine ukrainienne appartient à la catégorie de crimes que, suite aux atrocités de la Seconde Guerre Mondiale, la communauté internationale qualifia de "génocide" et condamna comme l'ultime crime contre l'humanité.

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Scène de rue à Kharkiv en 1932

L'analyse de la famine ukrainienne ne saurait ignorer les spécificités des liens coloniaux qui rattachaient l'Ukraine à la Russie. Moscou refusait toujours de reconnaître les Ukrainiens comme un peuple distinct, avec droit à une vie nationale indépendante. Devenus maîtres du Kremlin, les bolcheviks s'opposaient à la désintégration de ce que Lénine appela jadis la "prison des peuples", et combattirent surtout la séparation de l'Ukraine - un pays de grande richesses naturelles et pourvu d’une abondante main-d'œuvre. Proclamée indépendante en 1918, l'Ukraine fut envahie par l'Armée rouge et ramenée dans le giron russe. L'ancien "grenier" de la Russie tsariste, devenu une république fantoche, continuait à ravitailler les centres urbains soviétiques. Quand Staline déclencha sa révolution industrielle vers la fin des années 1920, l'Ukraine devint une source indispensable de son financement. Le moindre signe d'un réveil national ukrainien fut interprété comme un rejet du pouvoir bolchevik et une menace à l'intégrité de l'empire soviétique, et fut réprimé en conséquence. La famine des années 1930 n'était que l'expression la plus sinistre de la politique coloniale russe en Ukraine.

Pendant les trente premières années du régime soviétique, les Ukrainiens connurent cinq famines (1921-23, 1924-26, 1927-28, 1932-33, 1946-47). Tous ces désastres auraient pu être évités si l'Ukraine avait utilisé ces produits agricoles pour subvenir d'abord aux besoins de sa propre population. La famine de 1932-33 - la plus meurtrière -correspond quant à elle à la définition de génocide, telle que formulée par la "Convention sur la prévention des génocides" de 1948. C'était un "acte commis dans l'intention de détruire une partie d'un groupe national". La cible de la politique génocidaire de Staline était la paysannerie ukrainienne - la force vitale et la base démographique de la nation ukrainienne. La "dékoulakisation" déracina la partie la plus compétente et performante de cette population et mena à la déportation d’un grand nombre en Russie. La collectivisation de l'agriculture permit à l'État de pousser les prélèvements jusqu'aux limites du possible. L'Ukraine fut soumise "à des conditions d'existence devant entraîner la destruction physique" d'un grand nombre de paysans. Pour empêcher la population de fuir les villages affamés, l'État introduisit un système de passeport, dont furent exclus les paysans.

Après des décennies de négation en URSS et en Occident, l'authenticité de la famine ukrainienne est enfin reconnue. Cependant, l'hésitation existe encore, à savoir si cette catastrophe doit être classifiée comme génocide ukrainien. On évoque souvent l'argument que la famine sévissait aussi en Russie et au Kazakhstan, et que les victimes en furent surtout les paysans. La question se pose alors: sommes-nous en face d’un problème à caractère socio-économique plutôt que national? Ces objections méritent une considération sérieuse. L'extermination des Kazakhs par la faim doit sans doute être inclue sur la liste des génocides, mais cette inclusion ne contredit d'aucune façon le génocide ukrainien. L'examen de la famine en Russie révèle que malgré les difficultés sérieuses de ravitaillement, il n'y avait pas de famine généralisée comme en Ukraine. Les régions affligées étaient contiguës à l'Ukraine et habitées en grande partie par les Ukrainiens (par exemple, le Kouban) et par d'autres minorités non-russes (dont des Allemands). Aussi, une comparaison de la proportion des paysans russes et ukrainiens morts d'inanition montre un écart énorme entre les deux groupes. Les tentatives de fuite des paysans ukrainiens vers la Russie et la Belarus est bien documentée, mais aucun mouvement dans le sens inverse n'a été enregistré. D'ailleurs, c'est pour empêcher les paysans ukrainiens de quitter leur pays que Molotov et Staline signèrent un circulaire secret en janvier 1933 visant à appréhender les fuyards sur la frontière ukrainienne.

Pour apprécier l'envergure du génocide ukrainien, il faut placer la famine dans le contexte de la politique de russification entreprit par le régime à la fin des années 1920 et au début des années 1930. L'ukrainisation des villes, effectuée par l'afflux des paysans ukrainiens, fut arrêtée et renversée par la russification de l'école et de l'administration. Une chasse aux élites intellectuelles ukrainiennes décima les cadres culturels et politiques de la république. La nation fut littéralement décapitée. [...]"


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