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Territoire et Villes en Chine Maoïste

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Territoire et Villes en Chine Maoïste  Empty Territoire et Villes en Chine Maoïste

Message par Spartakus Dim 10 Aoû - 23:03

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L'UTOPIE DE MAO ZEDONG

L'utopie de Mao Zedong glorifie l'Homme nouveau, les masses populaires plutôt que les fonctionnaires et appelle à une révolution permanente, contre la formation d'une bureaucratie de type soviétique, contre les privilèges d'une Nomenklatura, contre les réformistes, les révisionnistes - capitalistes. Les incidences de cette politique, de cette vision utopique dans les domaines de la planification, de l'urbanisme et de l'architecture identifient l'"inhumanité " du monde bourgeois et la nécessité de la création d'un " monde nouveau ", dans lequel la " libéralisation des masses " détruit toute angoisse et toute aliénation ; notions qui caractérisaient alors la Grande ville. Dans ce nouveau monde libéré, l'explosion de la vitalité individuelle se réalise comme insertion du sujet dans la liberté collective.

L'URSS sera le modèle et les révolutionnaires chinois reprendront l'idéologie de l'équilibre rural-urbain, ou plutôt celle d'un développement équilibré du territoire, s'inscrivant dans les grands principes d'aménagement du territoire, de planification et d'urbanisme élaborés par les soviétiques. Cela étant les élites de la Révolution chinoise pouvaient constater les résultats de trente années d'expériences et de réalisations soviétiques ; et prendre modèle ne signifiera pas copie conforme car les différences - puis les oppositions et enfin la rupture - idéologique et politique porteront la voie chinoise à sinon élaborer des principes novateurs ou inédits, mais à en radicaliser les principes fondateurs. Une expérience tout à fait inédite, qui ne fera certainement pas l'unanimité au sein des clans rivaux du Comité central [2]. Le radicalisme utopique de Mao Zedong s'opposera ainsi à la voie du réalisme socialiste et de l'exemple soviétique, même avec ses graves lacunes.

Ainsi les événements politiques et les luttes au sein du Comité central entre les factions, auront la plus grande incidence sur l'idéologie de la ville socialiste idéale ; c'est dans un premier temps, celle exaltant la grande ville, lieu de formation du Parti Communiste chinois en 1921, célébrée après la victoire en tant que pilier du développement et placée au centre de la modernisation du pays, aussi bien qu'en tant qu'instrument de culture révolutionnaire ; puis, la grande ville deviendra après la campagne des Cent Fleurs en 1957, l'objet des premières critiques. A partir de cette époque, Mao Zedong, critiquant le renoncement de toutes les utopies du développement équilibré et de la décentralisation des pouvoirs du modèle de planification soviétique, radicalisera l'idéologie ville-campagne. Pour Mao, il convient d'envisager « des cités rurales et des villages urbains ». La grande ville doit être contrainte à se dissoudre dans son hinterland rural, les populations invitées - puis forcées - à apprécier les qualités - révolutionnaires - de la ruralité et l'esprit communautaire des Communes populaires. L'idéologie maoïste de la " ville socialiste " ne peut plus vanter l'anonymat du mécanisme décadent de la modernisation, mais bien la réintégration de l'homme - socialiste - dans la collectivité. L'idéologie de la grande ville en tant qu'instrument de modernisation, de production et d'accumulation de richesse - et donc de consommation -, réapparaîtra avec les premières réformes de Deng Xiaoping au début des années 1980.

Il faut pour comprendre les enjeux de la planification, avoir à l'esprit qu'elle engage le très long terme ; l'idéologie de l'équilibre ville-campagne exige, en Chine comme en URSS, une planification portant sur plusieurs décennies. En URSS, les réalisations seront progressives et tenteront d'amortir les plans de planification - controversés - élaborés pour la reconstruction accélérée du pays après la seconde guerre mondiale. Une politique qui aboutit, dans les années 1960, à la réalisation progressive sur tout le territoire de l'URSS d'un réseau de complexes urbains qui regroupent plusieurs centres urbains et des villes nouvelles, en constituant une unité territoriale de plusieurs centaines kilomètres de rayon, à l'intérieur de laquelle s'organisent les pôles industriels, des pôles culturels, comme les universités, des zones de loisir, des parcs naturels et un réseau de transports rapides. Les zones agricoles sont préservés et développées. Cette capacité - ou cette volonté - à prévoir, à organiser l'avenir en fonction d'objectifs sociaux est une donnée constitutive de l'urbanisme dans les pays socialistes. Elle rend évidente la différence de nature entre ce qu'est un projet d'urbanisme dans les conditions du capitalisme et dans celles du socialisme, et ce, sans prétendre que cette différence essentielle puisse se concrétiser sans contradictions, sans dysfonctionnements, sans erreurs d'appréciation, et parfois sans mesurer avec lucidité les conséquences des avancées technologiques - la télévision, le frigidaire, etc. - et leur industrialisation massive, comme l'automobile, le téléphone, par exemple, les rendant accessible au plus grand nombre.

La recherche de l'équilibre engelsien ville-campagne, le modèle de " désurbanisme " appliqué - ou tentant de l'être - à une nation entière, l'invitation puis l'interdiction faites aux ruraux de venir s'établir dans les grandes villes, les grandes migrations forcées, sont considérés par les historiens et les intellectuels, de la pensée réactionnaire ou anti-maoïste, comme des instruments autoritaires, symbolisant le totalitarisme, destinés à maintenir - artificiellement - le Parti communiste chinois au pouvoir. Une affirmation partiellement fondée pour la fin de règne de Mao Zedong et davantage encore pour la période de transition - à partir de 1978 - socialisme / capitalisme ; mais peu convaincante dans les premiers temps de la Révolution. Peu d'historiens, de critiques ou d'auteurs en font mention aujourd'hui, mais le point remarquable, la caractéristique essentielle de la planification équilibrée et de la politique d'habitat en Chine, est l’absence de bidonvilles, dans un pays encore catalogué dans les années 1970 " pauvre, en voie de développement " ; une caractéristique qui distinguait à cette époque les villes chinoises des cités des pays capitalistes, mais aussi celles socialiste de l'Inde de Gandhi puis de Nehru, qui ne parviendront jamais, au contraire même, malgré leurs déclarations et leurs efforts, à loger l'ensemble des classes populaires et à éradiquer le phénomène : en 1976, les bidonvilles tentaculaires caractérisaient les villes de l'Inde et envahissaient celles de la plupart des grandes villes de l'Amérique du Sud ; alors qu'ils avaient disparu en Chine.


C'est donc un effort gigantesque que la République Populaire de Chine a dû accomplir, pour parvenir à ce que chaque citoyen soit assuré de disposer d'un logement au loyer modique (généralement, 5 % du salaire) et ce, tout au long de sa vie. Un effort gigantesque car en 1949 les classes populaires vivaient depuis des siècles dans une misère extrême, logeant pour leur plus grande majorité dans des taudis, des bidonvilles et s'entassaient misérablement dans les sampans surnommés « dragons roulant dans la boue » du fait de leur forme cylindrique ; ces « refuges », qui n'étaient qu'une natte de paille incurvée sous laquelle se glissaient leurs occupants, reflétaient l'état sordide dans lequel croupissait les classes pauvres. Les empereurs puis la république et le capitalisme étranger ne s'étaient jamais préoccupé de l'habitat populaire, ayant bâti d'autres constructions, que celles lui apportant bénéfices et rentes : dans les villes, le parc de logement social était inexistant, si ce n'est quelques cités ouvrières, des orphelinats et autres refuges misérables financés par des organisations de bienfaisance, religieuse et américaine.
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