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UKRAINE : LE SUBSTRAT IDENTITAIRE DE LA CRISE ACTUELLE

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Message par everhard Lun 24 Fév - 12:54

Comme toujours – ou presque – la réalité est plus complexe que les représentations que l’on s’en fait. La crise ukrainienne ne fait pas exception à cette règle, ne se résumant ni à une opposition entre pro et anti-européens, telle que nous le présentent les médias occidentaux, ni à une révolution de couleur, telle que l’ingérence des puissances occidentales – États-Unis et Otan en tête – peut nous le laisser croire. Elle recouvre en réalité des lignes de fracture apparues dans l’Ukraine naissante au XVIIe siècle.

On ne peut comprendre la crise actuelle sans tenir compte du fait que l’Ukraine est un pays à la fois très ancien et très neuf. Très ancien dans la mesure où il constitue le berceau du monde slave oriental ; très neuf en ce qu’il s’est constitué en État au XXe siècle seulement, sur les débris des empires russe et austro-hongrois. L’édification de l’Ukraine contemporaine a nécessité une reconstruction identitaire profonde, et c’est dans la conception qu’elle a de son identité nationale qu’il faut chercher les causes réelles des crises répétées qu’elle connaît depuis 1989 et qui mettent à chaque fois en péril son unité territoriale et politique.

◾I. LA GENÈSE D’UNE IDENTITÉ PROPRE (XVIIe-XVIIIe s.)

Contrairement à l’Europe occidentale, dont l’unité culturelle et linguistique fut toujours le fruit d’une volonté fédératrice et resta superficielle, et à l’Europe centrale, où les Serbes, les Croates, les Tchèques et les autres peuples slaves occidentaux constituaient des entités ethniques bien distinctes, le monde slave oriental connaissait depuis ses origines une profonde unité culturelle et linguistique qui perdura intacte jusqu’à la fin du XVIe siècle. Cette unité ne disparut pas avec l’émergence d’espaces culturels et linguistiques autonomes – russe, ukrainien et biélorusse – mais coexista avec ces particularités ethniques en gestation jusqu’au XVIIe siècle

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Le royaume polono-lituanien en 1619. Le mot “Ukraine” n’a commencé à désigner un pays distinct de la Pologne et de la Russie qu’au XVIIe siècle. Il désignait auparavant une zone étroite de colonisation agricole, de cent à trois cents kilomètres de largeur, qui séparait la forêt-steppe au nord des régions méridionales des steppes.

Les guerres nationales et religieuses de l’Europe occidentale et centrale brisèrent définitivement l’unité du monde slave oriental. Alors que la guerre prenait fin en Europe occidentale par le traité de Westphalie (1648), elle embrasa le royaume polono-lituanien dont l’Ukraine et la Biélorussie faisaient alors partie, ruina l’unité religieuse et l’organisation sociale traditionnelles de l’Ukraine, et accoucha de conceptions identitaires nouvelles. La traditionnelle foi orthodoxe dut s’accommoder d’un nombre croissant de catholiques romains, gréco-catholiques (uniates), calvinistes et sociniens. L’organisation sociale, quant à elle, fut ébranlée par la montée en puissance des Cosaques, petite noblesse militaire qui prit la tête de la révolte paysanne en 1648 et mena une véritable guerre de libération contre l’occupant polonais et l’aristocratie princière d’Ukraine.

Bien que seule une minorité de ses membres fût réellement polonisée, cette aristocratie appartenait à la couche la plus riche et la plus titrée de l’État polono-lituanien. Son discrédit était tel dans la population qu’elle donnait le nom de « Polonais » à ces aristocrates, y compris à ceux des princes que l’État polono-lituanien persécutait pour leur fidélité à la foi orthodoxe et leur soutien au projet que nourrissait la Russie de réunifier politiquement à son profit le monde salve oriental.

Suite à la révolte de 1648-1654, les Cosaques parvinrent à fonder, dans la partie orientale de l’actuelle Ukraine, un État – l’Hetmanat – émancipé de la tutelle polono-lituanienne et qui subsista jusqu’à sa suppression définitive par Catherine la Grande en 1765. Ce précédent cosaque devait incarner l’idéal national ukrainien du XIXe siècle.

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Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan Mahmoud IV de Turquie (Ilya Repine, 1880-1891). Les Cosaques sont mentionnés pour la première fois dans un texte de la fin du XIIIe siècle. Il s’agissait à l’origine de simples paysans qui en vinrent à se faire gardiens de convois et pillards face aux hordes tatares, développant à l’occasion un exceptionnel sens tactique. Ayant découvert la navigation avec autant de bonheur qu’ils avaient appris à monter à cheval, ils se laissaient volontiers aller à la piraterie le long de la Volga et en mer Noire. Rapidement organisés en républiques militaires, ils se firent souvent mercenaires, la plupart étant « enregistrés », c’est-à-dire rétribués par une armée régulière. Le Cosaque était un homme libre dont le mode de vie était caractérisé par le goût de la liberté et de l’aventure, vivant de chasse, de pêche, de cueillette et de pillage sur l’ennemi. Son appartenance ethnique importait peu : les Cosaques zaporogues, sans doute les plus célèbres, comptaient une majorité d’Ukrainiens et de Biélorusses, mais également une importante minorité de Polonais et de Moldaves, un détachement de juifs, des condottières des colonies italiennes de la mer Noire et une poignée d’aventuriers français.

◾II. LA CRÉATION D’UN MYTHE NATIONAL (XIXe s.)

Les guerres menées contre l’oppression de l’État polono-lituanien dans la seconde moitié du XVIIe siècle avaient suscité une première prise de conscience d’une identité propre, essentiellement paysanne et orthodoxe. L’Hetmanat cosaque constituait quant à lui un précédent rendant crédible la création d’un État indépendant, politiquement viable. Enfin, la domination russe – consécutive aux trois partages de la Pologne (1772, 1793 et 1795) dans lesquels la Russie récupéra l’Ukraine à l’exception de la Galicie, qui passa sous domination autrichienne – mettait en relief, par effet de contraste, une langue et une culture désormais proprement ukrainiennes.

Il restait à construire un mythe national, c’est-à-dire à donner une lecture de l’histoire conforme au projet politique d’indépendance de l’Ukraine et à recomposer l’identité des populations ukrainiennes en vue de leur unification. Comme partout ailleurs en Europe à la même époque, il s’agissait de refondre l’identité d’un peuple au creuset du concept de Nation hérité de la Révolution française, pour la transformer en une identité nationale.

L’un des principaux fondateurs idéologiques du nationalisme ukrainien fut l’historien Mykhaïlo Drahomanov (1841-1895). Élève de Proudhon, il alliait le nationalisme à la pensée socialiste et contribua fortement à la création d’un mythe national. En raison de son anticléricalisme et de l’éclatement confessionnel de l’Ukraine depuis le XVIIe siècle, il expurgea de sa représentation de l’identité ukrainienne toute référence sérieuse à la foi chrétienne, préférant évoquer les croyances païennes des anciens peuples d’Ukraine et suivant en cela la plupart des nationalismes européens de l’époque. La langue ukrainienne fut célébrée comme un élément essentiel de l’identité nationale, à tel point que le pouvoir impérial russe l’interdit en 1876.

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Mykhaïlo Drahomanov (1841-1895).

Ce fut toutefois dans la kozatchtchina (cosaquerie) que Drahomanov, lui-même de petite noblesse d’origine cosaque, vit l’âme de la résistance et de l’indépendance de l’Ukraine. Les hauts faits de ces défenseurs de la patrie, l’aspect romantique de la Sitch des Zaporogues, leurs origines populaires et leur insatiable besoin de liberté ne pouvaient que favoriser leur identification à l’idéal ukrainien promu par l’historiographie de l’époque.

Encore aujourd’hui, c’est cette période cosaque, jugée héroïque malgré les pogroms dirigés contre les uniates et les juifs, qui constitue le mythe fondateur de l’Ukraine et que beaucoup d’Ukrainiens considèrent comme la seule représentation authentiquement nationale de leur pays.

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Le terme de « sitch » désignait un camp fortifié cosaque. La Sitch zaporogue abritait le centre politique des Cosaques zaporogues et le quartier général de leur armée ; elle fut établie vers le milieu du XVIe siècle sur une île (Petite- Khortytza) au milieu du Dniepr inférieur et fut déplacée sept fois pour permettre son agrandissement. Devenue un important avant-poste dans la lutte contre les Tatars de Crimée et les Ottomans, la forteresse de la Sitch fut supprimée en 1775 par Catherine II de Russie. Signe de l’importance de la Sitch zaporogue dans l’imaginaire national, un cercle d’étudiants ukrainiens à l’Université de Vienne se donnera le nom de « La Sitch » dès les années 1870.

◾III. LA RÉSURGENCE DES GUERRES CIVILES (XXe-XXIe s.)

Si les mythes fondateurs parvinrent à donner à l’ensemble des Ukrainiens une conscience vive de leur identité nationale, ils échouèrent à les unifier totalement en une communauté de vues sur l’avenir de leur pays. La raison de cet échec tient aux limites mêmes de ces mythes, dont la nature idéologique interdisait à leurs auteurs de prendre en considération deux aspects essentiels de la réalité ukrainienne :
◾l’anti-russisme, regardé comme consubstantiel à l’identité ukrainienne par les Ukrainiens de l’Ouest (dans les terres anciennement autrichiennes, d’irrédentisme radical),
◾et la foi orthodoxe et la langue russe, regardées comme constitutives de cette même identité par les Ukrainiens des régions orientales du pays.

Ces lignes de fracture, contemporaines de l’émergence au XVIIe siècle d’une identité ukrainienne propre, ne furent jamais surmontées par la suite. Tant que la domination russe se fit sentir, ces dissensions furent reléguées derrière l’objectif commun de l’indépendance du pays ; mais lorsque l’Ukraine l’obtint en 1917, pour trois brèves années, elles ressurgirent, avant d’être de nouveau tues sous le régime soviétique. Durant la seconde guerre mondiale, l’anti-russisme de l’Ukraine occidentale se traduisit par une collaboration active d’un grand nombre d’Ukrainiens avec le « libérateur » allemand (on estime leur nombre à environ 220.000, dont une division de SS). Leur résistance armée au pouvoir soviétique se poursuivit jusqu’en 1954.

À la chute de l’Union soviétique, les conflits internes de l’Ukraine se réveillèrent avec une violence d’autant plus grande qu’ils avaient été longtemps réprimés. Si l’ensemble des Ukrainiens partagent les mêmes idéaux d’indépendance, de démocratie et de bien-être, trois conceptions du pays et de l’identité nationale survivent aux soubresauts de l’Histoire et nourrissent la crise actuelle.

a) La première, nationaliste et violemment anti-russe, est historiquement associée aux régions occidentales du pays, principalement Lviv, la Galicie et la Volhynie. Elle a fourni le gros des bataillons anti-gouvernementaux et comprend un large spectre de partis et de tendances politiques, allant des sociaux-démocrates aux groupes néo-nazis. En dehors des quelques partis militant pour l’adhésion à l’UE, elle revendique beaucoup moins un partenariat avec l’UE qu’elle ne rejette violemment l’accord économique conclu avec la Fédération de Russie, rejoignant en cela les intérêts des États-Unis et de l’OTAN.

b) Elle s’oppose dès lors ouvertement à la conception plus médiane de la composante nationaliste kiévienne ou dnieprienne, essentiellement ancrée dans l’Est du pays, qui s’accommode de relations complexes mais pacifiques avec la Russie.

c) Une troisième composante de la société politique ukrainienne, plus minoritaire, est communiste et peut être qualifiée de national-soviétique. Son influence reste importante parmi les officiers généraux de l’armée et la classe ouvrière.

◾CONCLUSION

La crise que traverse actuellement l’Ukraine est avant tout une crise identitaire, qui s’inscrit dans le prolongement d’une fracture séculaire. À bien des égards, les ingérences extérieures ne font qu’attiser et encourager une situation conflictuelle préexistante, dont on pressent qu’elle pourrait un jour déboucher sur une guerre civile.

De ce nouvel épisode de la crise ukrainienne, quatre constats peuvent être dressés :
◾1°) La grande majorité des Ukrainiens, y compris dans l’Est du pays, sont excédés par la pauvreté (la plus importante d’Europe) et la corruption endémique. Le discrédit du gouvernement de Viktor Ianoukovitch au sein de la population ukrainienne est une réalité dont la Russie a su prendre acte très tôt. La dénonciation des ingérences américaines ne doit pas conduire à ignorer les fractures identitaires et les revendications sociales qui fragilisent considérablement l’Ukraine.
◾2°) Les États-Unis, bien qu’ayant initié et organisé la « révolution », n’en tireront probablement qu’un bénéfice très relatif et à court terme, la mentalité ukrainienne étant profondément rétive à un abandon de l’indépendance nationale, fut-ce en intégrant l’UE ou l’OTAN. Les précédentes crises ont montré que le gouvernement prétendument pro-occidental a su s’entendre avec la Russie bien mieux que le gouvernement soi-disant pro-russe, notamment sur le contentieux interminable autour du transit du gaz russe. L’absence totale de soutien de la Russie à Viktor Ianoukovitch est en cela très éclairant.
◾3°) Les États de l’Union européenne ont chacun tenté de défendre leurs intérêts ou ceux de leurs commanditaires, sans se soucier aucunement d’élaborer une chimérique politique étrangère commune.
◾4°) L’intérêt de la France lui commande de réaffirmer avec force les principes d’indépendance et de non-ingérence, fondements essentiels tant de sa propre souveraineté que de l’ordre international.



Romaric Thomas – Adhérent de l’UPR, spécialiste du monde slave et orthodoxe

Romaric Thomas est né en France en 1975. De formation juridique, il a d’abord exercé comme juriste d’entreprise puis comme notaire salarié, avant d’intégrer le monde associatif. Passionné d’histoire et de littérature dès son plus jeune âge, il a eu la chance de parcourir plusieurs pays, notamment les États-Unis, le Japon et l’Italie, au cours de son adolescence. Il en a gardé un vif intérêt pour l’étranger, ce qui l’a conduit à acquérir une connaissance approfondie de certains pays (notamment l’Irlande et l’Arménie). La découverte de ces horizons l’a amené à se former à la théologie et la spiritualité du monde chrétien orthodoxe, à étudier l’histoire de la pensée européenne et à s’intéresser à la géopolitique du monde slave.


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UKRAINE : LE SUBSTRAT IDENTITAIRE DE LA CRISE ACTUELLE Empty Re: UKRAINE : LE SUBSTRAT IDENTITAIRE DE LA CRISE ACTUELLE

Message par Spartakus Lun 24 Fév - 14:19

Merci pour ce texte, fort sympathique sur la situation globale.

c) Une troisième composante de la société politique ukrainienne, plus minoritaire, est communiste et peut être qualifiée de national-soviétique. Son influence reste importante parmi les officiers généraux de l’armée et la classe ouvrière.
D'ailleurs c'est marrant, il y a des chaînes humaines et des manifestations de communistes dans pas mal de ville, autour des statues de Lénine par exemple. Avec une forte proportion d'ouvriers. Comme quoi...

---

Si je peux me permettre, un texte sur la situation sociale/politique en Ukraine :

La situation en Ukraine vient de franchir un nouveau seuil de violence (60 à 80 mort-e-s au cours des derniers jours) qui semble conduire le pays au bord de la guerre civile réactionnaire. L’enjeu – le même depuis 10 ans – est son appartenance à l’orbite impérialiste russe (comme la Biélorussie voisine par exemple) ou à celle de l’Union impérialiste (ouest-) européenne, notamment de l’Allemagne qui y a toujours vu une partie ‘naturelle’ de son Lebensraum, son ‘espace vital’ (tout du moins) économique – d’où, par exemple, l’affaire montée en épingle (par Goebbels et le groupe de presse philo-nazi Hearst) de la ‘famine’ ukrainienne au début des années 1930. Plus largement, elle est aujourd'hui une pièce maîtresse (46 millions de producteurs et de consommateurs !) du "Grand Échiquier", cette théorie consistant, après la chute de l'URSS, à en dépecer les restes (voire, en dernier lieu, la Russie elle-même !) au profit des impérialismes occidentaux, afin d'empêcher à tout prix la constitution d'une superpuissance russe sur l'"Eurasie". L'Union européenne exerçant une fascination certaine sur les peuples voisins qui n'en font pas partie, elle est évidemment mise à contribution comme "mirage mobilisateur", alors même qu'elle est en crise terminale et que les années qui lui restent sont - sans aucun doute - comptées.

Le camp pro-russe s’étend du ‘Parti des Régions’ (droite oligarcho-mafieuse) du président en place Yanoukovitch jusqu’au Parti ‘communiste’ refondé en 1993 et nostalgique du social-impérialisme soviétique – dont la prose est évidemment relayée par tout le ‘révisio-campisme’ international de la mouvance PTB-KKE-‘Solidarité internationale PCF’ et compagnie. Il a ses bastions dans l'Est (région de Donetsk, Kharkov etc.) et le Sud (côtes de la Mer Noire, notamment Crimée) du pays.

Mais le camp pro-européen, lui, s’il s’est offert les services de BHL et compte effectivement des forces social-démocrates ou social-libérales (Parti socialiste d'Oleksandr Moroz etc.) ou encore libéral-démocrates comme l'Alliance démocratique de l'ancien boxeur Vitali Klitchko, s’avère désormais très clairement dominé par des nationalistes d’extrême-droite extrêmement virulents et dangereux. Ils sont pour la plupart originaires de l’Ouest du pays, la partie qui n’a pas été soviétique (mais polonaise, ou tchécoslovaque) de 1920 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, et avait donc servi de base de repli à tous les nationalistes anticommunistes comme les pogromistes de l’hetman Petlioura (responsables de la mort d’une centaine de milliers de Juifs, justice fut faite à Paris par le révolutionnaire Samuel Schwartzbad en 1926). Par la suite, ce nationalisme réactionnaire évoluera vers le pro-nazisme avec Stepan Bandera et servira massivement d’auxiliaire slave au IIIe Reich pendant sa guerre d’extermination en Europe de l’Est, avec la Légion ukrainienne, la division SS Galicie, les Hiwis auxiliaires volontaires de l’extermination des Juifs, des Rroms, des communistes et de bien d'autres crimes, etc. Il poursuivra même la guérilla anti-soviétique pendant plusieurs années après la guerre, appuyé cette fois-ci par le ‘monde libre’ sans le moindre état d'âme.

Voilà donc de quels monstres la course à la guerre pour le repartage impérialiste du monde permet la résurgence, comme troupes mercenaires. Il y en a déjà et il y en aura à l’avenir beaucoup d’autres, dans tous les camps en présence (impérialisme US comme Russie, France ou Allemagne comme Chine) : si les énergumènes de la place Maïdan sont violemment indépendantistes et anti-russes, il y a en Russie une très puissante extrême-droite qui, si elle peut être en bisbille avec Poutine, voit en tout cas en Kiev le ‘berceau de la Russie’ un peu comme le Kosovo pour les fascistes grand-serbes, et certainement pas un pays indépendant. Ils ne sont donc pas franchement les amis des néo-banderistes ukrainiens, sans être pour autant plus recommandables. Il ne sera évidemment pas question dans les pages de Servir le Peuple de ‘campisme’ ni d’anti-impérialisme/antifascisme à sens unique. En Ukraine même, des militants anarchistes locaux (qui semblent sur une ligne ni-ni à penchants pro-opposition) font état, du côté du pouvoir pro-russe de Yanoukovitch, d'escadrons de la mort et d'autres forces antipopulaires guère plus sympathiques que les nostalgiques de la collaboration avec le nazisme. D'ailleurs (à toute chose malheur étant bon), ce dossier ukrainien intervient à un moment où la ligne "eurorussiste" [pour un fascisme identitaire européen incluant et même célébrant la Russie mais refusant l'"eurasisme" de Douguine, c'est-à-dire les alliances chinoise et asiatiques, iranienne, arabe et "tiers-mondistes" en général] a plus ou moins acquis l'hégémonie sur le fascisme hexagonal et ouest-européen ; et il est plutôt agréable de voir ses tenants s'arracher les cheveux, entre leur demi-dieu Poutine d'un côté et, de l'autre, des national-fascistes arborant fièrement le drapeau européen bleu étoilé et souhaitant rejoindre l'Europe-puissance (l'intellectuel organique Guillaume Faye, lui, a finalement tranché en faveur de Poutine et du pouvoir pro-russe).

Mais les fascistes qui, face aux forces de sécurité, mettent en ce moment même Kiev à feu et à sang font l’actualité et, dans le même temps, guère d’efforts pour se cacher ; ce qui au demeurant en dit long sur de quoi sont capables (qui sont capables de soutenir sans honte) des impérialistes ouest-européens en crise terminale et aux abois, au moment même où en Centrafrique semble se profiler un nouveau Rwanda. Ils nous offrent donc une ‘belle’ et – surtout – massive illustration de notre propos.

Il est intéressant et important de dire cela, car la mouvance antifasciste des pays occidentaux tend peut-être parfois à ‘prendre le problème à l’envers’ : ce n’est pas le fascisme qui engendre la guerre, c’est la tendance mondiale à la guerre qui sécrète le fascisme comme forme politique adaptée à ses besoins ; fascisme qui va dans un premier temps ‘pulluler’ sous de multiples formes jusqu’à ce que tant la volonté des pouvoirs dominants que les évènements eux-mêmes procèdent à une ‘sélection naturelle’, seules survivant les formes les plus ‘efficaces’.

‘Efficacité’ qui consiste, bien entendu, à massacrer par milliers des personnes du peuple qui n’aspirent qu’à vivre leur vie en paix, et à terroriser toutes personnes organisées porteuses d’une perspective progressiste d’avenir. Ces personnes – est-il utile de le rappeler – existent en Ukraine comme dans tous les ‘pays de l’Est’ et, face à l’omniprésence des forces réactionnaires terroristes, sont depuis longtemps organisées pour leur autodéfense antifasciste.

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Message par Briard Lun 24 Fév - 15:39

Ahh il a bon dos Goebbels !!
Les mensonges soviétiques sont aujourd'hui éculés !!
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Message par Spartakus Lun 24 Fév - 15:53

On en profitera pas de ce sujet pour aborder ce qui s'est passé en Ukraine, il me semble en avoir déjà discuté sur un autre fil, où j'ai donné mes sources et mes arguments à ce sujet. Merci bien.
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Message par clovis_1er Lun 24 Fév - 19:15

la femme qui a fait tomber le régime anti-sioniste d'Ukraine est évidemment juive par sa mère !!!

De fait, la diplomatie de l’UE, singulièrement de l’Allemagne et de la Pologne, craint que la Russie ne réagisse en intervenant militairement pour protéger la partie Est du pays, pro-russe, et surtout la république autonome de Crimée où se situe la flotte russe de la Mer Noire.

La juive Ioulia Timochenko n’a jamais caché qu’elle ne voulait pas permettre à la marine russe de stationner à Sébastopol au delà de 2017. Ce qui pour la Russie revient à une menace directe sur son flan sud au profit de l’OTAN.

La représentante de la diplomatie américaine en Europe, la juive Victoria Nuland, avait été surprise à piloter le coup d’état en composant elle-même, avec l’ambassadeur américain à Kiev, le futur gouvernement fantoche pro-américain.

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Ioulia Timochenko (de son vrai nom Grigoryanitz) est née à Dnepropetrovsk dans une famille juive lettone.

Figure de proue de la Révolution orange, populiste et populaire, Ioulia Timochenko, 46 ans, s’est réconciliée avec M. Iouchtchenko avant les législatives anticipées après une rupture spectaculaire en 2005.
Premier ministre entre février et septembre 2005, limogée sur fond de luttes de clan, elle ambitionne de reprendre ce poste en cas de victoire des forces pro-occidentales.

Chef d’un bloc portant son nom (17%-23% des intentions de vote), elle est très critique à l’égard du gouvernement de Ianoukovitch, qu’elle accuse de corruption.

Ancienne patronne d’une société énergétique accusée elle-même de corruption dans le passé, Ioulia Timochenko est née dans le centre-est russophone et plutôt russophile mais son énergie éclatante lui a valu le soutien de l’ouest nationaliste.

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UKRAINE : LE SUBSTRAT IDENTITAIRE DE LA CRISE ACTUELLE Empty Re: UKRAINE : LE SUBSTRAT IDENTITAIRE DE LA CRISE ACTUELLE

Message par Bens Lun 24 Fév - 19:30

Et ? Si elle est juive ça change quelque chose ? Vas au fond de ta pensée.
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Message par Georges61 Lun 24 Fév - 20:04

Clovis, pourquoi ramener ça à sa religion, c'est vraiment un procédé pétainiste.
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Message par everhard Mar 25 Fév - 7:08

poutine aurait déjà tenté un rapprochement avec l'autre Timochenko, pour pas perdre toute ces billes mais en vain d'après les infos.

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Message par Bens Mar 25 Fév - 8:01

Poutine a toujours préféré Tymochenko à Ianoukovich. Il n'y a qu'à voir les relations qu'avaient l'Ukraine et la Russie avant 2010.
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UKRAINE : LE SUBSTRAT IDENTITAIRE DE LA CRISE ACTUELLE Empty Re: UKRAINE : LE SUBSTRAT IDENTITAIRE DE LA CRISE ACTUELLE

Message par clovis_1er Mar 25 Fév - 8:07

Bens a écrit:Et ? Si elle est juive ça change quelque chose ? Vas au fond de ta pensée.

je l'ai déjà suffisamment dit ... Comme BHL ou Atali ... ils travaillent tous pour Israël
faire tomber les régimes qui ne sont pas pour eux et mettre des gens à eux et controler le pays par l'économie
c'est clair pourtant ?





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UKRAINE : LE SUBSTRAT IDENTITAIRE DE LA CRISE ACTUELLE Empty Re: UKRAINE : LE SUBSTRAT IDENTITAIRE DE LA CRISE ACTUELLE

Message par Bens Mar 25 Fév - 8:13

clovis_1er a écrit:ils travaillent tous pour Israël

Comme tous les capitalistes, y compris ceux que tu soutiens. Et alors ?
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